VIII – La lente progression des eaux suivi de Icare ne tombe plus !

Dédicace « Pour Noëlle et Jean-Noël Delétang, amis des Arts et fidèles compagnons de route »

Publié en auto-édition (novembre 2012)

LA LENTE PROGRESSION DES EAUX

Epigraphe de Lao-Tseu : « Mieux vaut allumer une bougie que maudire les ténèbres »

Ensemble poétique de 42 pages où des graphies différentes matérialisent des voix diverses (Voix narratrice ;  Italique pour la Femme du Maître ; caractères gras pour le Maître, chez qui alternent des moments de « lucidité » et d’aberration ; voix de l’étudiante, seule à tenter l’impossible pour éviter l’oubli.)

C’est tout le vocabulaire qui disparaît inexorablement, emporté par le flot qui, derrière le barrage, engloutit le vivant des hommes.

Nous en avons conçu des mondes
bâti des utopies tracé des routes
pour avoir le bonheur de nommer des pays

Construit des temples par plaisir
d’évoquer Phidias ou Praxitèle
d’y placer la caryatide ou la volute

Marché dans les campagnes
pour détailler les plis de la robe de Flore
nommer les oiseaux et les arbres

Et couru chaque soir au bord de l’océan
pour rapprocher la palette des mots
des infinies nuances des couchants

***

Et voici maintenant que les temples s’écroulent
au bout des pays en déroute

et que tous les oiseaux
                            sont des moineaux

***

Dans le jardin nous n’irons
plus
biner, sarcler, semer
La vague a vidé la remise
Et les outils dans le courant
s’échappent

Les graines
d’Aster et Zinnia
flottent
à la recherche des plates-bandes
de syntaxe
perdue 

 ***

Carnage

Je sens bien que c’est un combat
Une offensive de Nivelle
Comme une boucherie cruelle
Où vont se perdre dans la nuit
Mes valeureux petits soldats
Et quand se lèvera l’aurore
S’il me reste un état-major
Combien reviendront des mitrailles
Pour continuer la bataille

Combien de mots pour vivre encore?

ICARE NE TOMBE PLUS !

20 pages réparties en 3 chapitres.

Epigraphe latine extraite des Métamorphoses d’Ovide (Mythe de Dédale et Icare)

Dédicace à « l’Ami Paul pour les belles heures du Domaine ».

Court récit en prose, manifestant le pouvoir de l’art, de la musique pour que la vie conserve, même démunie, une voie d’espoir. Tous les pronostics les plus pessimistes sont alors contredits. Contre le mythe même, Icare ne tombe plus.

Extrait :

« Mais à la grille verte une musique s’envole. Un homme joue de l’orgue de Barbarie. La mélodie atteint l’endroit où la cime des séquoias perce les nuages et, par l’échancrure, l’enfant  voit un peu de bleu. »

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